a guest-post by Côme de Prévigny
On April 18, Andrea Tornielli titled on his blog Sacri Palazzi: "Fellay's response is positive". For him, the agreement had been made. Always well informed by the Romans responsible for the dossier, he deemed himself authorized to write: "the text of the preamble delivered by Bp. Fellay proposes some minor modifications of the version sent by the Vatican authorities." And, every day that followed it, the most optimistic rumors spread out. In support of what was known within the Vatican, from the very prelates in charge of the affair, Jean-Marie Guénois, always well informed, said from his corner: "It is a matter of days, and not of weeks anymore [...]. These last few weeks, the final points have been settled between Rome and Écône in order to better respond to the demands of 'clarifications' asked for by the Vatican on March 16."
Yet, two months later, a thick fog descends upon the religious landscape. While all observers thought that they saw the Roman Pontiff decide once and for all the matter to which he had dedicated a good part of his pontificate upon the delivery of a new document to Bishop Fellay on June 13, the communiqué of the Congregation for the Doctrine of the Faith of June 14 foresaw an "additional moment of reflection". The one from the Society of Saint Pius X, of the same day, gave rise to the same uncertainty by evoking a "new phase of discussions". Even if it is known that this kind of rebound is usual in the end of difficult negotiations, one can only speculate, particularly since the number of Roman prelates who thought that the agreement would be formalized is quite larger than than those who seemed to want this new postponement. It is as if those who accused Bp. Fellay of never being able to decide suddenly found themselves with a beam in their eyes.
Already within the Society, those spirits for whom an agreement with the Apostolic See is unthinkable began to delude themselves by imagining that their action had dealt a fatal blow to this fateful process which intended, in their view, to destroy them. If their reasoning were to be followed, it should rather be imagined that Rome would have taken advantage of the division of the four bishops to deal a fatal blow to the work of Abp. Lefebvre by moving on with the process until the end. The rebound of June 13 makes them look mistaken in every scenario.
What was it then that happened between April and June? In the month of May, according to several agreeing sources, the feria quarta [Wednesday] meeting of the Congregation for the Doctrine of the Faith, aware that they acted according to the will of the Pope, endorsed the final draft proposed by Bp. Fellay, following several movements of the text between Rome and Menzingen. The Pope imagined it - the Cardinals accomplished it. Despite a certain number of absentees and of some restriction of placet iusta modum, the text had finally had the consent of their Eminences, probably aware that they would not have to meet forever. On that day, the agreement was virtually concluded. On the basis of clearly defined positions on the occasion of the doctrinal discussions that had delineated the differences, Pope Benedict XVI was ready to grant to the Society that which Abp. Lefebvre had tirelessly asked from Cardinal Ratzinger: the assurance of a traditional episcopate independent from the pressures of the local conferences.
If the internet offers a magnifying effect to the fiery sermons of some Traditionalist priests who think they can undermine their hierarchy by having their words propagated by Sedevacantist websites, the web does not say anything of the real issues afflicting the Church. Bp. Fellay reached in mid-April the limits of the line granted to the Society by Abp. Lefebvre, at the very risk of causing dismay to some of his colleagues who increased the manifestations of their fears. Those Roman interlocutors who have provoked this rebound have probably not really perceived this. It is also likely that they feared the increase of the silent opposition of the German episcopate, who presented their own ultimatums to the Successor of Peter. The extreme reluctance of Bp. Fellay seemed to suggest that they hid themselves behind formulas that created an impasse upon several months of clarifications and discussions, thus risking their own disavowal.
Paradoxically, they have rendered a great service to Bp. Fellay, by allowing him to show that, while doing his utmost for the canonical recognition of the eminently Roman work of Abp. Lefebvre, his firmness remained intact, as is shown by the way by a letter of Father Thouvenot fraudulently released on the internet. The fact remains that only the Pope has the power to bind and loose. Faced with all opposition - the strongest of which being that of those closes to him -, it is to him that belongs, in fine, the right to decide. After twelve years of discussions, at the end of seven years of pontificate, this man, who a few weeks ago said that enough injustices had been committed against the Society, will set in place the endpoint which he alone, as head of the Church, has the right to set in place.
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[French version:]
un post par notre invité Côme de Prévigny
Le 18 avril, Andrea Tornielli titrait sur Sacri Palazzi : « Fellay a dit oui ». Pour lui, l’alliance était conclue. Toujours bien informé par les responsables romains du dossier, il s’autorisait à écrire : « Le texte du préambule envoyé par Mgr Fellay propose quelques modifications mineures de la version donnée par les autorités vaticanes ». Et tous les jours qui suivirent, les bruits les plus optimistes se répandirent. A l’appui de ce qu’il savait au sein du Vatican, de la part des mêmes prélats chargés de l’affaire, Jean-Marie Guénois, toujours bien renseigné, avançait de son côté : « C'est une affaire de jours et non plus de semaines […] Ces dernières semaines, les ultimes réglages ont été finalisés entre Rome et Écône pour répondre au mieux aux demandes de « clarifications » sollicitées par le Vatican, le 16 mars dernier. »
Et deux mois plus tard, un brouillard épais s'abat sur le paysage religieux. Alors que tous les observateurs pensaient voir le pontife romain trancher une bonne fois pour toutes ce dossier sur lequel il avait misé une grande partie de son pontificat, après la remise d’un nouveau document à Mgr Fellay le 13 juin, le communiqué de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 14 envisageait finalement un « moment supplémentaire de réflexion ». Celui de la Fraternité Saint-Pie X , en date du même jour, laissait planer le même doute en évoquant une « nouvelle phase de discussions ». Même si l’on sait que ce genre de rebondissement est classique en fin de négociation difficile, on se perd en conjectures, d’autant que le nombre des prélats romains qui pensaient que l’accord serait formalisé est bien plus important que la poignée de ceux qui paraissent avoir voulu ce nouveau retardement. Comme si ceux qui accusaient Mgr Fellay de ne jamais savoir se décider, se retrouvaient soudain avec une poutre dans l’œil.
Déjà, au sein de la Fraternité, les esprits pour lesquels un accord avec le Siège apostolique est inenvisageable, se prenaient à rêver en imaginant que leur action avait porté un coup fatal à ce funeste processus qui visait, d’après eux, à les anéantir. Si on suivait leur raisonnement, on aurait plutôt dû imaginer que Rome aurait profité de la division des quatre évêques pour porter un coup fatal à l’œuvre de Mgr Lefebvre en menant la démarche jusqu’au bout. Le rebondissement du 13 juin leur donne donc particulièrement tort dans tous les cas.
Que s’est-il alors passé entre avril et juin ? Au mois de mai, d'après plusieurs sources concordantes, la feria quarta de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi aurait, sachant qu’elle agissait selon la volonté du pape, avalisé la dernière mouture proposée par Mgr Fellay, au terme de plusieurs navettes du texte entre Rome et Menzingen. Benoît XVI l’avait rêvé - les cardinaux l'auraient fait. Malgré un certain nombre d’absences et de quelques restrictions de placet juxta modum, le texte aurait finalement eu l’assentiment de leurs éminences probablement conscientes qu’elles n’auraient pas à se réunir éternellement. Ce jour là, l’accord était virtuellement conclu. Sur la base de positions clairement définies à l’occasion de discussions doctrinales qui avaient cerné les différends, le pape Benoît XVI s’apprêtait à concéder à la Fraternité ce que Mgr Lefebvre avait inlassablement demandé au cardinal Ratzinger : la garantie d’un épiscopat traditionnel indépendant de la pression des conférences locales.
Si Internet offre un effet loupe aux prêches enflammés de quelques vicaires traditionalistes qui pensent ébranler leur hiérarchie en voyant leurs propos diffusés par les sites sédévacantistes, la toile ne dit mot des réels enjeux qui secouent l’Église. Mgr Fellay avait atteint à la mi-avril les limites de cette ligne de crête assignée à la Fraternité par Mgr Lefebvre, au risque même de provoquer le désarroi de certains de ses confrères qui multipliaient les manifestations de leurs craintes. Ceux de ses interlocuteurs romains qui ont provoqué ce rebondissement, ont sans doute peiné à le percevoir. Il est par ailleurs vraisemblable, qu’ils ont craint que n’enfle la sourde opposition de l’épiscopat allemand qui posait ses propres ultimatums au successeur de Pierre. Les extrêmes réticences de Mgr Fellay semblent indiquer qu’ils se sont réfugiés derrière des formules qui faisaient l’impasse sur plusieurs mois de clarifications et de pourparlers, risquant ainsi leur propre désaveu.
Paradoxalement, ils ont rendu un immense service à Mgr Fellay, en lui permettant de montrer que tout en faisant le maximum pour la reconnaissance canonique de l’œuvre éminemment romaine de Mgr Lefebvre, sa fermeté restait entière comme le montre au reste une lettre de l’abbé Thouvenot frauduleusement divulguée sur Internet. Il demeure que le pape seul a le pouvoir de lier et de délier. Face à toutes les oppositions – les plus redoutables étant celles des plus proches, qui se veulent plus papistes que le pape –, c’est à lui que revient, in fine, le droit de trancher. Après douze ans de pourparlers, au bout de sept ans de pontificat, cet homme, qui disait il y a quelques semaines qu’il y avait eu assez d’injustices portées à l’encontre de la Fraternité, va poser le point final car il est, en tant que chef de l’Église, le seul à pouvoir le poser.